03 novembre 2008

Ce que toujours les hommes en font

« Moi je sais que je parle parce que je parle mais que je ne persuaderai personne ; et c’est une malhonnêteté mais (…) si quelqu’un a mordu dans une sorbe perfide il faut bien qu’il la recrache.

Parménide, Héraclite, Empédocle le dirent aux Grecs, mais Aristote les traita de naturalistes inexperts ; Socrate le dit mais on édifia sur ses propos 4 systèmes. L’Ecclésiaste le dit mais ils le traitèrent et l’expliquèrent comme un livre sacré qui dès lors ne pouvait rien dire qui fut en contradiction avec l’optimisme de la Bible ; le Christ le dit et on bâtit sur ses paroles une Eglise. Eschyle et Sophocle et Simonide le dirent, et Pétrarque le proclama triomphalement aux Italiens, Leopardi le répéta avec douleur mais les hommes leur furent reconnaissants de ces beaux vers, et s’en firent des genres littéraires. Si à notre époque les créatures d’Ibsen l’incarnent sur toutes les scènes, les hommes « se divertissent » en écoutant, parmi tant d’autres, ces histoires « exceptionnelles », et les critiques parlent de « symbolisme » ; et si Beethoven le chante si bien qu’il émeut le cœur de chacun, chacun utilise ensuite l’émotion à ses fins propres et au fond … c’est une question de contrepoint.

Si moi aujourd’hui je le répète, à la mesure de mon savoir et de mes possibilités, puisque je le fais de façon à ne pouvoir amuser personne, ni avec dignité philosophique, ni avec réalisme artistique, mais comme un pauvre piéton qui mesure de ses pas le terrain, je ne paie l’entrée dans aucune des catégories établies ni ne crée de précédent à aucune nouvelle catégorie et dans le meilleur des cas j’aurai fait … un mémoire de maîtrise. » (La persuasion et la rhétorique, préface)

A SUIVRE ...




8 commentaires:

Caillou a dit…

Cette année, sur le chemin, j'ai croisé Beckett et Wittgenstein. Je les ai écoutés un moment, distraitement, puis j'ai continué ma promenade. Le premier m'a dit jusqu'où le langage pouvait signifier quand on l'éliminait, le second m'a dit qu'il y avait plusieurs langages, que chaque situation créait ses propres jeu de mots, ça m'a laissé sans voix. ;-)

varna a dit…

Ca me semble très vrai !
1) "Jusqu'où le langage pouvait signifier quand on l'éliminait " = il nous laisse sans voix mais sur un chemin.
2) "Chaque situation crée ses propres jeux de mots"

Et donc, en effet, 3) être sans voix est aussi un jeu de mots, car le chemin est là pour nous (te) faire dire. (Et toc !;-))

Caillou a dit…

;-) bien dit. ( Samuel aurait dit : "mal dit" et Ludvig " ce qui ne peut être dit doit être tu")

Caillou a dit…

;-) bien dit. ( Samuel aurait dit : "mal dit" et Ludvig " ce qui ne peut être dit doit être tu")

Caillou a dit…

une fois aurait suffi, la machine en a décidé autrement.

varna a dit…

Ouais, je l'ai réglé sur "Celui-là, on ne le laisse pas s'installer dans le silence ! ", alors forcément, elle te me sert deux fois, l'espiègle !

Sérieux : si t'as l'occasion de lire Carlo ...

Caillou a dit…

je m'arrache les mots comme on arrache les dents, c'est dire ;-))

varna a dit…

Où t'en es avec la peinture, Caillou ? (si je peux me permettre)