07 août 2010

Savoir-croire

" Il est essentiel que l'on ne se méprenne pas sur le rôle de la "conscience" : c'est notre relation avec le "monde extérieur" qui l'a développée. En revanche la direction, soit la surveillance et la prévoyance eu égard au jeu synthétique des fonctions corporelles ne parvient pas à notre conscience ; pas plus que l'emmagasinement intellectuel : qu'il existe pour cela une instance suprême, on ne saurait en douter : une sorte de Comité directeur où les différentes convoitises capitales font entendre et valoir leur voix et leur puissance. "Plaisir", "déplaisir" sont autant de signes venus de cette sphère : ... de même l'acte volontaire. De même les idées.


Somme toute : ce qui devient conscient subit des conditions causales qui nous échappent totalement – la succession de pensées, de sentiments, d'idées dans la conscience n'exprime rien quant au caractère causal de cette succesion : mais il en est ainsi apparemment au suprême degré. C'est en fonction de cette apparence que nous avons fondé toute notre représentation de l'esprit, de la raison, de la logique, etc. (...) ... Et celles-ci derechef projetées dans les choses, derrière les choses !


On tient habituellement la conscience même pour un sensorium global, pour une instance suprême : cependant elle n'est qu'un moyen de la communicabilité : développé dans les rapports et eu égard aux intérêts de ces rapports ... "rapports" au sens également des actions exercées sur nous par le monde extérieur et des réactions nécessaires de notre part : de même de nos actions sur l'extérieur. C'est non pas la direction, mais un organe de direction – "

F. Nietzsche XIII, p. 260